Ah que les décisions à prendre sont difficiles ! Mais qu’est-ce qui les rend difficiles ? Et de quelles décisions s’agit-il ?
La décision la plus importante dans notre expédition, c’est celle du choix de la date de la bataille ultime. C’est-à-dire la date de conquête du somment. Etant entendu, que cette date doit être définie 5 jours au préalable.
En effet, le calendrier est le suivant :
- J0 : décision de partir
- J1 : départ : Camp de base => camp 2.
- J2 : Repos camp 2
- J3 : Camp 2 => Camp 3
- J4 : Camp 3 => Camp 4
- J5 Camp 4 => Sommet => camp 4 => Camp3=> Camp 2 (si tout se passe bien).
En d’autres termes, pour décider d’aller au sommet, il faut connaître les conditions au sommet 6 jours à l’avance !
Les conditions sont essentiellement météorologiques : le vent, la température, et les chutes de neige ou l’enneigement, c’est-à-dire l’accumulation de neige qui entraine des risques d’avalanche.
S‘ajoute à ces critères, l’état de forme des troupes, l’état des équipements à chaque camp, la fréquentation du sommet le jour voulu et pour cette année si particulière, le risque COVID. Se rajoute aussi le côté irrationnel, puisque l’émotionnel est une forte partie prenante dans cette histoire, nous le verrons.
Bien entendu, si l’on veut être complet, il reste à intégrer le traitement des informations reçues : qui, comment. Par exemple, comment est qualifiée telle source d’information ? En d’autres termes, quelles sont leur degré de fiabilité ? Est-elle prouvée ?
Ce sont l’accumulation de ces variables essentielles et leurs incertitudes qui rendent la préparation de la décision difficile. La prise de décision elle-même est encore une autre complexité que nous verrons plus loin.
Passons en revue chaque variable pour appréhender la complexité de la chose et comprendre ce qui s’est passé.
Météo : C’est le point clé. Si vous avez des prévisions qui vous disent qu’il va faire 80 km/h de vent au sommet le jour voulu, personne ne prétend pouvoir arriver au sommet. De la même façon, si la température est de -50°c, on ne peut pas s’y aventurer. De même, nous avons eu une prévision de chute de neige de 2m dans la combe ouest il y a 2 semaines qui nous a fait retarder d’aller s’aventurer au camp 2.
Les choses sont donc simples quand elles sont tranchées. Mais que se passe-t-il si la prévision météo est à la limite ? Certains plus solides que d’autres disent qu’on peut y aller, d’autres plus timorés ne veulent pas s’y aventurer. Enfin, cette appréciation du vent et de ces effets dépendent aussi de l’expérience de chacun. En effet, celui qui a connu 50 km/h de vent à un sommet, sait que cette condition est limite. Mais si cette expérience, de 50km/h de vent a été vécue à 5600 m (mon cas à l’Elbrouz), est-elle reproductible à 8.848 m, soit 3.200 m plus haut ? A priori non. Mais tout le monde n’a pas la même expérience. Et donc la même croyance dans ce que veut dire un chiffre, qui est donc transformé par l’esprit de chacun en un possible ou un impossible.
Les experts sont donc là pour ça, le guide, les sherpas, pour dire ce qui est de raison. Mais comme on le sait, l’expérience est rarement communicable, et un guide a beau dire que 50 km/h de vent n’est pas raisonnable, les ventres affamés de sommet ne vont pas l’entendre.
Là où la chose se complexifie, c’est qu’il n’y a pas qu’une seule prévision météo ! Et là, on entre en pleine conjecture ! Imaginons, que le guide français dispose de prévisions en qui il a confiance, celles de Yann, que les sherpas ont les prévisions Népalaises, qu’un membre de l’équipe lui ne jure que par celles du net par exemple Mountain Forecast, et enfin, qu’au dernier moment, les sherpas apportent au débat les prévisions chinoises qui sont les plus fiables pour eux, compte tenu de leur expérience sur le versant chinois.
Si toutes ces prévisions sont identiques, alors il n’y a pas de problème. Mais si elles sont en désaccord ? Pire, si elles sont globalement d’accord, mais les écarts résiduels font que certaines disent que le vent est à 40 km/h ce qui rend l’ascension difficile mais possible, et que l’autre dit que les vents sont à 50 km/h qui rend l’ascension périlleuse, et en tout cas plus incertaine pour les plus fragiles ? Et que dire si l’un indique que le vent est à 40 km/h le 20, quand l’autre indique que c’est le 21 et la troisième que ce sera le 22 ? Car les prévisions disponibles le sont sur plusieurs jours, mais il se peut que la fenêtre d’opportunité, celle qui rend l’ascension possible peut être large (sur plusieurs jours) ou est très étroite, sur 1 ou 2 jours.
Et bien c’est ce que nous avons vécu le 16 mai (voire courbes ci-contre), il y avait plusieurs prévisions, aux limites, et sur un ou deux jours seulement. C’est ce qu’on appelle des conjectures (opinion fondée sur des probabilités, des apparences). Chacun y allait donc de sa croyance en telle ou telle courbe selon qu’elle provienne de français ou de chinois voir tout simplement parce qu’elle allait dans le sens souhaité !
Plusieurs alpinistes annonçaient qu’ils s’en remettaient aux sherpas, élevés d’un seul coup au rang de Sachant. Moi, je ne savais pas que les Sherpas avaient des compétences en météorologie ! D’ailleurs, au cours du débat, le chef des sherpas a dit que traditionnellement ils allaient au sommet le 21 mai. Bigre, en voilà de la science !
Au moins, la température à -19°C ne faisait pas débat car c’est une température élevée pour le sommet. Pourtant, j’ai déclaré que cette température devait être celle des modèles standard autrement dit sous abri, et qu’il me semblait que l’effet windchill n’était pas pris en compte ; à 50 km/h de vent, la température ressentie passait à -34°c… Mais là encore, cette information fut soit ignorée soit combattue puisqu’on ne savait pas, il ne servait à rien de faire peur ainsi.
L’adhérence à la décision est plus forte que tout ; on le sait bien.
Autre illustration de l’aveuglement quand on veut obtenir la décision qu’on a déjà prise dans sa tête : quand tous les modèles prévoient que le vent va tomber à partir du 25, l’objection immédiate (et réelle) c’est que les chiffres sont au départ des prévisions mais ne sont ensuite que des tendances, donc à leurs yeux elles n’ont aucune valeur. Alors qu’en réalité la convergence des différentes tendances leur donne une force de fiabilité telle qu’une prévision.
Bref, l’abondance d’informations a conduit à la confusion et à se perdre en conjectures comme le dit l’expression (« envisager de nombreuses hypothèses, être perplexe »), facilitant ceux qui voulaient partir de toute façon la nuit même en ne regardant pas les chiffres avec distance, c’est à dire avec froideur . Moi, je suis un animal à sang froid qui fonctionne en métacognition et met mes émotions de côté comme le ferait un bon analyste non concerné. Posture pas facile mais indispensable dans le cas présent, c’est-à-dire dans tous les moments difficiles, qui combinent de forts enjeux et de la complexité.
J’avais beau dire que quand nous nous sommes réunis en France, nous avions acté que notre groupe avait un atout de taille que les autres n’avaient pas : nous avions Yann, météorologue très expérimenté qui conduit depuis de nombreuses années avec succès sur tous les 8.000 des expéditions et parfois en contredisant les autres prévisionnistes. Bernard disait s’en remettre à Yann de toute façon, mais au final, le poids de la majorité des alpinistes et de la décision prises au préalable par les Sherpas a eu raison de sa fermeté.
Dans cet instant de confusion, certains ont oublié la qualification de ce partenaire fiable tout simplement parce que ses prévisions disaient qu’il ne fallait pas s’aventurer au sommet avant le 25 mai, autrement dit contredisait l’envie devenue nécessité de certains d’y aller dès la nuit suivante.
Mais pour quelles raisons ? Parce qu’il faut prendre en compte autre chose que la rationalité, son opposé stomacal : l’émotion, l’irrationnel porté par l’état des troupes. Il est en effet difficile de rester sous tente à ne rien faire. Cette année 2021 est une année inconnue au camp de base du fait de la Covid 19 : nous ne pouvons aller et venir, aller plus bas à Namché Bazar par exemple pour récupérer des forces en dessous de 4.000 m ; ni faire un petit sommet pour rester en forme, encore moins discuter avec les uns et les autres dans le camp.
En un mot, nous sommes contraints et forcés de rester cloitrés sous nos tentes, sans bouger, dans le chaud insupportable quand le soleil donne et le froid qui vous mord dès qu’il se cache. Se rajoute à cela que nous savons que nos corps se dégradent chaque jour à cette altitude, tout comme les avalanches que nous entendons jours et nuits provenant de toute part autour de nos tentes : nous vivons et ressentons que le temps joue contre nous ! Dès lors, il est compréhensible que certains soient envahis par une émotion de l’instant, mais d’un instant qui perdure au point de devenir permanent puisque vécu dans leur chair, ne voient qu’une chose : sortir de cet état-là, autrement dit en finir. Ainsi, pour eux, tout est mieux que de rester là !
Il suffit de rajouter un amplificateur émotionnel, et là, la rationalité est achevée. Par exemple : « c’est le rêve de ma vie », « cela fait plusieurs années que je m’entraîne », « j’ai tout arrêté pour ce sommet en bouleversant ma vie », « je ne pourrai tenter une autre fois », « c’est maintenant ou jamais », etc… J’ai entendu ces mots. Ils résonnent aussi dans ma tête. Si en plus vous êtes un communiquant et que ce que vous faites est d’autant plus suivi par des fans relayés par des journaux, l’échec, et pire le renoncement devient insupportable.
Je parle du renoncement car quoi de plus bête que de n’avoir même pas tenté le sommet pour une erreur d’interprétation météo ? Comment expliquer aux autres et ne pas s’en vouloir à soi-même d’avoir « fuir la proie pour l’ombre comme le dit si bien le dicton », fuir la fenêtre du 21 pas facile mais existante que la fenêtre de l’après 27 qui n’est qu’une tendance possible mais qui pourrait s’avérer illusoire ?
C’est ainsi que le 16 mai à 13h j’ai obligé les uns et les autres de l’équipe à se positionner car à part deux avis tranchés les autres étaient dans la confusion et écoutaient sans dire ce qu’ils voulaient. Il m’a fallu insister. Il en est ressorti que 1 voulait partir séance tenante, 1 suivait les Sherpas et donc partir cette nuit, 1 ne savait pas et acceptait de décaler si nécessaire, 1 suivait la prévision de Yann et donc de décaler le départ, et moi qui affirmait qu’il fallait décaler. Notre guide indiquait qu’il fallait décaler car il faisait confiance dans les prévisions de Yann.
Du coup quelle décision a été prise ?
Là encore, notre histoire est étonnante. Comme je le disais en préambule, nous n’avions pas décidé du processus de décision au préalable. Le préalable étant un positionnement temporel fondamental, car il est plus facile d’accepter une décision quand les esprits sont au repos pour décider des modalités, alors qu’une fois que les esprits sont échauffés, les positions de chacun sont prises, alors tout processus de décision proposé sera analysé en fonction des conséquences par rapport à sa solution et non du processus en tant que tel, par exemple si tel processus est meilleur q’un autre (fiable, robuste, légitime).
Ainsi, si l’on décide au préalable, je peux facilement accepter que la décision soit à la majorité ou s’en remettre au guide après avis de chacun par exemple. Mais si au moment du choix du processus de prise de décision je me rends compte que mon idée n’est pas majoritaire, alors je vais contester cette modalité de prise de décision. C’est humain.
C’est ainsi qu’une personne a indiqué lorsque j’ai organisé les débats, que de toute façon, il partirait la nuit même, et que si notre groupe prenait une décision différente, il se désolidariserait de nous pour monter avec le groupe des américains. Bigre.
Sur ces entrefaites, les sherpas sont arrivés pour nous dire qu’ils avaient décidés de partir la nuit même ! Sans aucune concertation avec nous ni avec notre guide. Imaginez la scène : les 9 sherpas et leur directeur, notre équipe de 6 et l’équipe de 3 des américains ! 20 personnes réunies. Dans le brouhaha généralisé, j’arrive à demander en complément de l’avis des membres de notre équipe, à obtenir les avis du groupe américain. Chacun d’entre eux disent suivre l’avis des Sherpas, ils leur font confiance. En aparté, je discute avec notre guide, Bernard, « mais sur quoi repose l’avis des sherpas ? », « Sur des prévisions météo ! ». Mais lesquelles ? Celles du Népal. Sont-elles reconnues comme fiables ? Nul ne le sait.
Il faut comprendre que l’équipe des américains n’a pas de guide puisqu’ils sont venus en direct avec l’organisation des sherpas, donc il est légitime qu’ils s’en remettent à leur organisation et donc à leur décision. Mais en ce qui nous concerne, les sherpas ne sont qu’une équipe de soutien sur le fonctionnement, mais nous, nous avons un guide qui est… notre Guide ! C’est donc à lui que nous devons nous remettre.
C’est ainsi que dans la confusion la plus totale fut prise la décision de partir la nuit même pour gravir le sommet le 21 mai. J’avais beau dire que je n’étais pas d’accord, courbes à l’appui, mais il s’avérait que les sherpas avaient déjà pris leur décision AVANT le débat. Peut-être parce qu’ils ont la contrainte de la gestion des moyens logistiques (disponibilité des sherpas, du cuisinier camp 2, etc), ce qui n’est pas une mince affaire puisqu’il leur a fallu trouver des sherpas de rechanges compte tenu des malades ainsi qu’un cuisinier camp2 puisque celui-ci est aussi malade. On comprend bien qu’il faut qu’ils anticipent ! Quant à Bernard notre guide, déboussolé devant cette anarchie alimentée par les énergies individuelles et amplifiées par la dynamique collective, il s’en remettait à la majorité, déclarant que d’y aller cette nuit était risquée et que seuls les plus robustes y arriveront, mais que si c’était la volonté majoritaire, alors…
Je regrette cette décision, mais pouvait-il faire autrement ? Je crois que non, la majorité avec les américains est pour partir cette nuit, les sherpas fournisseurs de moyens ont pris leur décision et nous ont fermé la porte à former 2 groupes, l’un qui partirait ce soir et l’autre plus tard.
J’ai dit avec force que pour ma part que cette décision est une connerie, mais je l’accepte contraint et forcé, ayant échoué à faire entendre ce que je pense être la voix de la raison. Je déclare que je m’en moque car de toute façon j’irai au sommet, certainement avec le recours à l’ox compte tenu des conditions. Je crois que cette affirmation péremptoire était le baroud d’honneur de celui qui a perdu la bataille…
Sur ce, chacun repart dans ses tentes pour préparer ces affaires, car il est 14h30 et le dîner est avancé à 18h pour un départ à 2h cette nuit. Il n’y a donc pas de temps à perdre.
Coup de théâtre . Vers 16h30, Migma le chef des sherpas convoque une nouvelle réunion qui doit se réunir dans l’instant dans la tente Mess. Bernard, Yves et moi sortons de nos tentes, surpris. Migma indique qu’ils viennent d’avoir les prévisions météo chinoises qu’ils considèrent comme fiables, et il indique qu’il ne peut décider compte tenu des informations à sa disposition, et s’en remet à la décision des clients ! Nous revoilà parti pour un nouveau débat mais avec des modalités de décision complètement changées ! Incroyable. 2 d’entre nous n’étaient pas présents au débat. Je demande à Yves d’aller les chercher.
Pendant ce temps, je fais la synthèse des données à notre disposition, leur indice de confiance et je propose de ne pas décider maintenant, mais qu’il est raisonnable de prendre la décision demain sur la base de nouvelles prévisions, que nous ne sommes pas à un jour prêt. Que ce report de décision est la raison même puisque nous sommes dans la confusion et l’incertitude.
Je vois le frère de Nigma acquiescer et parler en Népalais, mais je comprends à ses gestes et en entendant mon nom, qu’il dit de suivre l’avis de Pascal. Après quelques minutes seulement, les américains suivent cet avis, et cette décision de remettre à demain la décision est prise rapidement, comme une évidence. Celui d’entre nous qui était le plus virulent débarque après la bataille et s’estimant trahi par l’infirmation de la décision prise et de ne pas avoir pu participer au débat est pour lui insupportable. Cela se comprend. Malheureusement, son émotion est telle qu’elle se transforme en colère, et qu’il s’en retourne dans sa tente en vociférant sans possibilité d’échanger la moindre explication.
Epilogue
Le soir même au dîner malheureusement une personne manquait à l’appel, sa colère s’étend transformée en abattement et une détresse profonde. Heureusement, les jours suivants s’écoulèrent sans heurt et l’unité de l’équipe fut retrouvée dans le consensus de la décision qui avait été prise et prorogée de jours en jours.
Il faut dire que d’autres équipes ont aussi renoncées à partir, que les prévisions météos de Yann se sont confirmées, et que ceux qui sont partis cette nuit du 17 mai, ont dû faire demi-tour ou sont en train à l’heure où j’écris ces lignes de batailler avec des conditions difficiles en étant stoppées au camp 3 où ils s’épuisent, sans que nous sachions s’ils vont réussir au final à aller jusqu’au sommet.
Cet épisode aura été un élément marquant de notre expédition.
7 réflexions au sujet de « La décision »
Nous imaginons dans vos écrits toute l’intensité des échanges, ces négociations compliquées. Votre libre est disponible prochainement en librairie ? Bonne continuation
Un article fascinant sur le rationnel et l’irrationnel, la science (la météorologie est-elle d’ailleurs considérée comme une science?) et la perception de celle-ci par des hommes aux cultures différentes. Tout ceci à 6000m d’altitude, dans le froid, la fatigue et finalement peu d’oxygène.
Je ne connais pas Pascal Denoel mais je suis persuadé que cette expérience dans ces conditions extrêmes sera riche d’enseignement dans sa vie de responsable d’entreprise. Je lui (et son équipe) souhaite d’atteindre son objectif mais surtout de revenir en forme. Good luck!
Mon chat , que dire sinon mon amicale admiration partagée avec Nathalie !!
Dis moi si tu as trouvé Dieu au sommet de l’Everest !!
On t’embrasse fort.
Sur le point de chatouiller les cimes, tu dois t’assurer que la décision ne décime pas. Je reconnais là ta force de persuasion naturelle dont la raison des faits corrige les égarements de l’émotion. On croise les doigts pour que la fenêtre de l’ascension finale soit au beau fixe d’une émotion raisonnée et non d’une idée fixe déraisonnable !
Il vaut mieux chanter la victoire de sa passion avec sagesse et humilité que déchanter sur le sort de l’erreur humaine d’une raison aveuglée par l’émotion.
La force de l’action c’est la capacité de rebond et de résilience de l’esprit et de son expérience.
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