Ascension Everest

L’ascension, les icefalls

A part le sommet, les icefalls sont un point clé de l’ascension de l’Everest par la voie Sud, côté Népal. Je m’arrête donc un instant pour vous parler de cet endroit particulier.

D’un point de vue factuel, le lieu dit « icefalls » trouve l’origine de son nom littéralement dans les « chutes de glace » qui peuvent arriver. C’est un glacier qui relie le camp de base à 5300m et le camp 1 à 6.050m, soit 700 m de dénivelé. Ces chutes de glaces peuvent provenir du glacier lui-même au sein duquel on se déplace, mais aussi des montagnes qui l’encadrent, l’épaule gauche de l’Everest à gauche et le Lhotse à droite. C’est donc un goulet coincé entre deux parois fragiles.

Ce qui fait que pour certains, les sherpas et les alpinistes, ce lieu est synonyme de danger de mort, donc de risque. Certains veulent s’en affranchir en prenant un hélicoptère pour arriver directement au camp 2. Le camp 1 n’étant qu’un relais et très sommaire.

Pendant notre ascension, nous avons vu à de nombreuses reprises notre sherpa, et d’autres, prier avant de s’engager dans certains tronçons. Autant dire leur perception du risque.

Pour ma part, mon côté esthète ne me fait voir que la beauté des lieux et leur unicité.

Ce qui fait que naviguer dans ce chaos de glace m’émeut et j’ai bien conscience de la chance que j’ai de jouir de ce spectacle construit par le hasard des forces de la nature qu’aucun être humain n’aurait pu imaginer et encore moins réaliser. Que la nature est créative et belle !
Je dis que ce lieu est unique car bien des pays interdiraient de pouvoir s’y rendre compte tenu de la dangerosité. Le principe de précaution se transformant assez rapidement en interdiction, autrement dit en privation de liberté. Unique également car il faut des spécialistes pour ouvrir des voies dans ce gloubiboulga, les fameux « ice doctors » qui vont à force d’exploration montrer le chemin par où l’on peut passer. Pardon, un chemin car il n’y a pas qu’une voie. Et une fois le chemin tracé, l’équiper de cordes pour sécuriser celui qui va l’emprunter.

Mais cela ne s’arrête pas là : il faut également faire évoluer ce chemin car le glacier est vivant et bouge. Et ce qui était possible hier n’est pas forcément possible aujourd’hui. C’est ainsi que François en enjambant une crevasse, le bord opposé a rompu, élargissant la faille à traverser. Le lendemain, les « ice doctors » ont mis un pont concrétisé par une échelle. Autre exemple, la semaine précédant notre arrivée, une grande tour de glace s’est effondrée rendant le passage impossible. Les « ice doctors » ont donc trouvé une voie alternative.

Et au final, pour que des ices doctors prennent des risques sur leur vie pour installer et maintenir ce passage, il faut nécessairement du monde pour l’emprunter afin de financer cet effort. C’est pourquoi il me semble, que seule l’attractivité de l’Everest permet d’atteindre ce flux de personnes nécessaires.
D’ailleurs, à bien y penser avec mon angle de vue, je crois que ceux qui viennent au camp de base uniquement pour voir la beauté de ce fond de vallée et le camp de base lui-même, devrait en profiter pour visiter les icefalls en allant au camp 1 et en y revenant bien-sûr. Je suis persuadé qu’ils s’en souviendraient toute leur vie !
En synthèse, quand je sors de ma condition d’alpiniste qui souffre des efforts incommensurables à fournir pour traverser ce champ de mines, je ne vois que la beauté du lieu. Certes, je ne peux pas dire qu’il n’y a pas de danger, et mortel de surcroit. Mais un calcul simple montre que le risque est infime. D’autant plus si on est raisonnable, par exemple en ne s’aventurant pas s’il y a eu d’importantes chutes de neige et que les parois qui bordent le glacier ne sont pas purgées de leurs neiges qui pourraient en cas d’avalanche tout engouffrer si le chemin se trouve à proximité de ladite paroi.
Voilà ce que je voulais dire, avec ma méthode de prendre à contrepieds les idées premières qui nous obstruent la vue, c’est-à-dire dans le cas présent que le risque saute aux yeux et est angoissant, alors que si l’on se libère de cela, alors on voit toute la beauté du site. J’espère avoir réussi à vous donner cet angle de vue.
Pour avoir un complément de commentaires à ce billet et aux photos, en particulier comment cela s’est passé pour nous au premier passage, je vous renvoie à mon podcast J22 du 28 avril.

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